Un tour à Chambéry, a pinch-hitter’s début…
Pilote de montagne
Mon premier vol de printemps pour ma formation de pinch hitter a été reporté d’une semaine. Il y avait des averses
sur le lac du Bourget et au dernier moment (j’étais déjà au terrain) mon instructeur a dû s’absenter.
J’ai donc fait le voyage mardi. C’était ma première navigation réelle (sauf la radio un peu complexe en espace
contrôlé et assurée par mon instructeur). J’avais bien préparé ma nav et je connaissais bien le trajet pour l’avoir
déjà fait en Savannah avec Christelle : Poncharra, Challes-les-Eaux, Chambéry airport, Col du Chat, Yenne, Belley,
Aiguebelette, Fort Barraux, Le Versoud.
Premier contretemps : retard du F-GLKU (DR400-120) venant de Montélimar et proposition du F-HAGR (DR400-
135) diesel de 135CV pour 10€ de plus à l’heure. Même pilotage en dehors de la manette des gaz de Boeing 747
(voir image). Confiant, je suis partant. Le temps est magnifique et je ne voudrais pas manquer ça.
La visite prévol est sans surprise, l’avion sort de sa grande révision et
semble tout neuf. Véronique m’a offert un casque que j’étrenne après
m’être installé dans l’avion. Je passe le câble sous la jambe gauche
comme pour la voltige et je branche. Pas de son à droite.
Heureusement Samuel a eu le même casque et sait le commuter sur
stéréo.
Je suis bien sûr incapable de démarrer le moteur diesel. J’exécute
docilement les commandes qui sont de mon côté du tableau de bord
et je regarde s’allumer progressivement les petites bougies colorées
de la fenêtre de contrôle moteur.
Le roulage se passe sans problème en dehors des contrôles
d’instruments pendant les virages. J’ai déjà bien du mal à conserver la
trajectoire au palonnier et j’ai juste le temps de voir que toutes les
aiguilles bougent bien en virage à droite puis en virage à gauche avant d’arriver au point d’attente Echo unité…
En principe à partir de là, en dehors de la commande des gaz, je pilote un DR400-120. Alignement après
autorisation de la tour. Dernier check avant décollage. Plein gaz. Appuie bien à droite, garde l’axe (les champs de
salade sont dans l’axe et il ne faut pas les louper en cas de panne moteur). Le couple est puissant (15cv de
différence avec le Papa Yankee ça se sent). Cap vers les silos jaunes pour éviter les pétitions du voisinage.
En l’air enfin. En montée vers 3500 pieds à 150km/h. Contact tour pour quitter au péage. Samuel est au micro.
Première surprise. Mes vieux démons reviennent : la bille dérive à droite comme à mes premières heures d’ULM. Il
faut compenser le couple moteur plus puissant sinon on vole en crabe. Manche à gauche et pied à droite, je
connais. Pendant une heure il va falloir faire attention et surveiller l’indocile.
Les zones contrôlées ont changé. Samuel contacte d’abord le SIV (Système d’Information en Vol) et décrit notre
voyage : touch and go sur Chambéry-Aix-les-Bains et sortie en Novembre Lima (le bout du lac) vers Belley. Contact
en Sierra Echo (entrée de la CTR, Control Traffic Region) et en finale.
Petit changement par rapport à mon log qui prévoyait Whisky Alpha (Col du Chat) un peu trop proche pour prendre
de l’altitude. Du coup après Novembre Lima j’ai du mal à trouver mes repères et je n’ai pas le cap pour Belley sur
mon log. D’où cheminement le long du Rhône, moins joli que le défilé de Yenne que nous avions parcouru en ULM
à basse altitude. J’en oublie de contrôler l’altitude préconisée par la tour et il faut que Samuel me remette sur les
rails. Je ne repèrerai Belley qu’à la verticale terrain lorsque nous croiserons la radiale du VOR (radiobalise) !
Cap au 140 vers le lac d’Aiguebelette. J’ai du mal à conserver le cap à 10° près comme un bon pinch hitter. Je ne
sais pas pourquoi, je dois corriger continuellement. Mon altitude aussi est approximative alors que nous sommes en
espace contrôlé. Ce n’est pas que je risque de me perdre, le lac est en vue mais Samuel me dit gentiment qu’il ne
tolèrerait pas cela pour un de ses élèves. Je le sens déçu et je le suis aussi, j’étais meilleur lors du test la fois
précédente.
Petit rappel accompagné d’un geste du doigt impératif : il faut scanner régulièrement l’extérieur et les instruments :
extérieur, directionnel, altitude, vario; extérieur, directionnel, altitude, vario etc… et la montre de temps en temps
pour ne pas passer un point tournant.
Silence. Le lac d’Aiguebelette n’est pas beau aujourd’hui, il est petit et terne dans la grisaille. Où est
l’émerveillement de la première rencontre à basse altitude avec le Savannah, avec ses eaux turquoise et son écrin
de verdure. Nous étions descendus en spirale au dessus de sa petite île sous le regard du radar de Chambéry qui
s’était inquiété de notre escapade imprévue.
Samuel propose un survol de la Chartreuse au retour et prévient Chambéry TWR. Je suis heureux de découvrir un
nouveau paysage. Tellement nouveau que je suis totalement dépaysé par ce chaos désert de monts et de vallées.
Je ne reconnais rien et il faut attendre Saint Pierre de Chartreuse avant que je retrouve un paysage familier. Il faut
dire que nous sommes à une altitude de 3500 pieds (nous survolons le Parc National de Chartreuse, espace
protégé) et que les panneaux routiers sont un peu loin. Très vite nous nous retrouvons au bord Ouest du plateau
de St-Hilaire-du-Touvet.
Le grand danger ici ce sont les parapentes qui bien sûr sont totalement prioritaires. Nous fonçons à 200km/h vers
la vallée comme un grand prédateur et quatre yeux vigilants sont bien nécessaires, d’autant que nous faisons une
grande boucle pour perdre de l’altitude. Ici les instruments sont secondaires : un coup d’oeil sur le vario et sur la
vitesse. On a vite fait de sortir des clous dans un virage en descente.
Météo du Versoud. Contact tour au péage de Crolles. Piste 04 vent calme. Entrée à 1700 pieds en début de vent
arrière à 150km/h. Contact travers tour. Check-list et rappel tour en finale. Respect du plan de descente en visant
le point de posé qui doit rester fixe. Papi 2 blanches, 2 rouges (pj). Je suis souvent dans le rouge (3/4 ou même
4/4) et je dois rattraper la trajectoire en remettant les gaz… Heureusement les pinch hitters sont uniquement
tenus d’atterrir même s’ils cassent du bois…
Le débriefing est court: "C’était moins bon que la fois précédente, préoccupé par la navigation tu as oublié qu’on
était en espace contrôlé alors que c’est un impératif de sécurité de suivre les indications du contrôle aérien. Il faut
dire que normalement la navigation vient plus tard, quand on maîtrise bien le pilotage." (en temps de formation j’ai
été évalué à une dizaine d’heures de vol selon les critères de l’ACD).
Le prochain vol est prévu en zone moins contrôlée pour ne pas charger le baudet : Gap-Tallard.
C’était plus facile avec Christelle…
Jean-Pierre Bachy
notre parcours… (mouse-over sur les mains)
Samuel
Jean-Pierre
[mouse-over sur les petites mains ou ce qu’elles désignent]
Bonjour à toutes, à tous,
“Tranches de ciel” est une nouvelle rubrique.
Vous venez de faire un vol bref mais qui vous a donné la pêche, un moment aéronautique de qualité,
rien d’extraordinaire mais c’était juste beau. Vous avez pris deux ou trois photos, ou encore une
vidéo, et vous avez envie de partager ces sensations avec le plus de monde possible.
En deux phrases vous décrivez quand, où ça s’est passé et pourquoi ça vous a ému. Et vous nous
envoyez ça, même en vrac, et ce sera publié très vite, un peu comme la présente tranche de ciel…
Merci,
et bons vols !
La Com ACD.
Formation Pinch-Hitter*
De quoi s’agit-il ?
Si, sans être pilote, vous volez fréquemment sur avion privé, vous vous êtes
probablement posé la question : “Qu’est-ce que je ferais si mon pilote se
trouvait malade ou perdait conscience en plein vol ?”
Vous aimeriez pouvoir prendre les commandes tout en contactant au sol une
personne en mesure de vous aider…
C’est le but de cette formation, qui typiquement concerne :
•
un.e conjoint.e qui vole fréquemment avec son épou.x.se
•
un.e adolescent.e qui vole avec Papa ou Maman
•
un parent qui vole souvent avec son fils ou sa fille, pilote adulte.
* Marque déposée AOPA
Et pourquoi cette terminologie ?
Aux Etats-Unis, au baseball, quand
un joueur expert se trouve dans
l’incapacité de poursuivre le match,
un joueur non-spécialiste, le pinch-
hitter, le remplace au pied levé
jusqu’à la fin de l’événement.
Le domaine de l’aviation de loisir
s’est emparé du terme pour
désigner un non-pilote susceptible
de ramener l’avion au sol en cas de
défaillance du Pilot-in-Command.